Interview de Caroline Boudergue, MANAGING DIRECTOR DE WOMEN IN AFRICA INITIATIVE.
C’est un parcours hors du commun que nous allons suivre aujourd’hui, du travail dans un cabinet londonien, dans une banque de New York pour finir par Women In Africa Initiative, une entreprise venant en aide aux femmes d’Afrique. Caroline Boudergue est une entrepreneure travaillant majoritairement avec l’étranger, elle va nous expliquer le fonctionnement et l’objectif de Women in Africa Initiative. Une femme vraiment inspirante !
1. Pouvez-vous nous raconter votre enfance ?
J’ai eu une enfance très heureuse entourée de deux frères et de parents aimants, qui valorisent le travail, la liberté et la prise d’initiative. J’ai toujours eu le droit de « conduire des expériences », de m’essayer à la cuisine ou à la construction d’objets en bois en utilisant des « outils de grands » sans être contrainte, mais sous surveillance évidemment.
2. Quel a été votre parcours jusqu’à Women in Africa ?
L‘entrepreneuriat m’a naturellement intéressée dès l‘Ecole, j’y étais en effet présidente de la Junior Entreprise et cela m‘amusait de monter des projets. En deuxième année, j’ai été amenée à réaliser un stage à Londres dans un cabinet de conseil où j’ai beaucoup appris ; je n’ai pas eu de questions à me poser sur mon orientation car le cabinet de conseil londonien dans lequel j’étais en stage m’avait proposé un emploi pour la sortie de l’Ecole, j’ai donc naturellement commencé en tant qu’analyste financier au sein d’une équipe internationale et j’en étais très heureuse.
J’ai ensuite rejoint une banque à NY au sein du département corporate banking et c’est après un périple à vélo d’une année que j’ai décidé d’entreprendre, ce que j‘ai fait aux côtés d’Aude de Thuin en développant le Women’s Forum.
À LIRE AUSSI: Interview de Loubna Ksibi, créatrice de Meet My Mamma
3. Quel est le but de Women In Africa Initiative ?
Le but est de contribuer à renforcer l’économie du continent Africain et notamment l’emploi en s’appuyant sur les talents des femmes africaines entrepreneuses et en formant les jeunes femmes aux métiers du digital.
Si les tendances actuelle se maintiennent, ce seront en effet 100 millions de personnes au chômage en Afrique d’ici 2030 ! Cela n’est souhaitable ni pour l’Afrique, ni pour l’Europe.
Soutenir les femmes entrepreneuses du continent et former les plus jeunes au coding, c’est aussi contribuer à créer les outils qui peuvent permettre de créer des succès économiques made in Africa.
Prenons par exemple Vivian Nwakah, Lauréate 2017 de notre programme WIA 54 au Nigéria à qui je parlais hier: elle a lancé Medsaf, une plateforme de management de la chaîne d’approvisionnement des médicaments aux pharmacies et aux hôpitaux.
Elle employait 6 personnes en 2017 contre 26 aujourd’hui. La croissance de l’entreprise, entre 2017 et 2020 a été de 1200%. Et, cette année, la plateforme a été rendue disponible dans 15 états nigérians supplémentaires. L’entreprise a bénéficié d’investissements de 1,5 millions de dollars ! Elle me confiait que sa participation au programme WIA54 avait été une très bonne expérience ; WIA lui a permis de développer son réseau et son approche du réseau, de rencontrer des partenaires sérieux comme AXA, et l’a rendue plus visible. WIA a été, selon elle, un « huge boost » !
C’est à tout cela que nous travaillons !
4. Quel est le fonctionnement de Women In Africa Initiative ?
Nous sommes une petite équipe et nous appuyons sur un réseau fort pour mettre en œuvre nos programmes et les développer. Nous travaillons avec nos mécènes, ambassadrices et partenaires locaux pour créer les programmes les plus pertinents pour les entrepreneuses que nous soutenons.
Mon rôle est de coordonner l’ensemble du projet et de l’équipe : du financement des des opérations, à la communication, en passant par les programmes que nous déployons.
À LIRE AUSSI: Interview Tina Kieffer, fondatrice de "Toutes à l'école"
5. Quelles sont les valeurs de Women In Africa Initiative ?
Travail, Convivialité, Confiance
6. Quels sont vos projets futurs ?
Nos objectifs !
• 10000 femmes entrepreneuses accompagnées en 2030, et par là même 100 000 emplois soutenus
• 10000 jeunes femmes formées au coding
• Une communauté de 10000 mentors sur le continent
À LIRE AUSSI: Interview Valérie Amadala, fondatrice d'Origin Beauty
7. Si vous pouvez inviter 3 personnes à un dîner, quelles seraient-elles ?
Jésus – Saint François d’Assises – Balzac
8. Comment partagez-vous votre temps aujourd’hui ?
Entre mon métier : Women in Africa Initiative ; ma famille, mes amis, la lecture, la cuisine et la nature.
À LIRE AUSSI: Interview Johanna Sansano créatrice "Du Soleil dans la Cuisine"
9. Quel est le roman (ou le film) qui vous a le plus marqué et pourquoi ?
Les œuvres complètes d’Ivan Illich.
« Lorsqu'une activité outillée dépasse un seuil défini par l'échelle ad hoc, elle se retourne d'abord contre sa fin, puis menace de destruction le corps social tout entier. » La convivialité
Cet ouvrage m’a fait grandir en ceci qu’il m’a permis de formuler des concepts dont je ressentais l’effet sans avoir jamais pris le temps de les étudier d’une part, et parce qu’il m’a permis de découvrir d’autres auteurs pertinents d’autres part (et notamment Jacques Ellul)
10. Quel est le rêve qui vous reste à réaliser ?
Je ne fonctionne pas comme ça ! Chaque jour est nouveau et rempli de joies, et je profite de chaque moment de liberté pour être dans la nature avec les miens, cela suffit à me réjouir.
À LIRE AUSSI: Interview de Stéphanie Tosi, fondatrice de Carré d'artistes.
11. Quel est le plus beau voyage que vous ayez réalisé ? Pourquoi ?
J’ai fait de nombreux voyages à vélo et eu l’occasion de rencontrer des personnes formidables. C’est néanmoins la traversée de l’Argentine à vélo qui m’a le plus comblée – l’accueil des argentins est hors norme !
12. Quel est le meilleur conseil qu'on vous ait jamais donné ?
D’avoir confiance en moi - que ce conseil soit « induit » ou formulé.
13. Comment progressez-vous ?
„Celui qui apprend, c’est celui qui écoute, pas celui qui parle“ … je ne sais plus de qui est la citation qui doit en outre être déformée … mais en substance, j’essaie d'écouter du mieux que je peux ! Je lis, évidemment, même si je ne lis pas assez à mon goût ! J’essaie de me remettre en cause chaque jour, et de prendre un temps pour penser à ce que j’aurais pu mieux faire (ou dire – ou ne pas dire)
Je progresse aussi en observant ma fille grandir – sa passion pour les animaux est communicative et par exemple aujourd’hui j’ai grâce à elle découvert l’existence du Dragon de Komodo, un reptile dont j’ignorais l’existence !
14. Quelle est votre addiction ?
La nicotine en gommes
À LIRE AUSSI: Interview Alix Boulnois Lombard, Chief product officer chez Accor
15. Si vous pouviez murmurer quelque chose à l’Oreille de Caroline à la sortie d’ESCP Business School, que lui diriez-vous ?
De s’écouter
16. Avez-vous une citation ou un proverbe qui vous vient souvent à l'esprit ?
« Qui trop embrasse mal étreint »
« Le mieux est l’ennemi du bien » que je répète souvent à l’équipe WIA !
À LIRE AUSSI: Interview Ariane Mathurin, entrepreneure.
17. Que pensez-vous des compléments alimentaires ? En prenez-vous personnellement ?
À LIRE AUSSI: Interview Amélie Ebongué : Founder & Social Content Creative
Shop