Interview de Dorothée Barth, cofondatrice de jho.
Chez Colette Lab, on aime par-dessus tout l’entrepreneuriat à impact social. Alors on ne pouvait pas ne pas tomber amoureux de jho, une marque de protection hygiénique éthique, qui vend en ligne et par abonnement des protections intimes en coton bio, garanties sans produits toxiques. Nous partons donc aujourd’hui à la découverte de Dorothée Barth, sa cofondatrice qui avant de lancer ce projet, a passé 2 ans à Madagascar dans un projet solidaire, été journaliste dans l’émission santé de Michel Cymes et a joué un one woman show pendant 2 ans dans un théâtre parisien (oui oui c’est la même personne !). Dans cet entretien elle revient sur son parcours, nous raconte la genèse de jho et ses valeurs et nous conseille un excellent bouquin. Une personne vraiment inspirante !
- Peux-tu nous raconter ton enfance ?
J’ai grandi en Normandie dans la Manche dans une famille bourgeoise. Je passais mes vacances chez mes grands-parents sur l’île de Noirmoutier. Je suis la dernière d’une famille de 4 enfants. Mon père travaillait dans une grande coopérative laitière et ma mère était documentaliste dans un lycée. J’ai toujours fait beaucoup de sport, notamment de la natation. J’étais très littéraire, on m’avait soufflé l’idée de Sciences Po, j’ai passé le concours et suis parties à Lyon y étudier.
- Quel a été ton parcours jusqu’à jho. ? Comment est née cette passion pour le journalisme ?
J’ai eu un parcours sinueux. Petite je voulais être comédienne ou metteur en scène. Puis journaliste. Pendant un stage à l’Ambassade de France à Rome, j’ai frappé à la porte de Radio Vatican et ai été reçue, au culot, par le porte-parole du pape, qui m’a embauchée ! Ensuite je suis revenue à Paris et ai travaillé dans la presse écrite. Puis je suis partie 2 ans à Madagascar avec mon mari dans la brousse dans le cadre d’un volontariat de solidarité internationale. On a vécu dans une maison en bois avec un toit en tôle, ça a vraiment changé ma vision des choses, il y a encore des enfants qui meurent du tétanos alors qu’on a un vaccin efficace c’est dur ! De retour à Paris, j’ai travaillé dans les rédactions TV, notamment à France 5 dans le magazine santé présenté par Michel Cymes. J’étais reporter / chroniqueuse. On a ensuite déménagé à Nantes et j’ai finalement créée un one woman show « Albert Londres, les pigeons et moi. Ma vraie vie de journaliste » qui a eu beaucoup de succès et que j’ai joué pendant 2 ans au théâtre de 10 heures.
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- Quelle a été la genèse de jho. ? Peux-tu nous présenter les grandes étapes de ce projet ?
En 2016, des blogueuses et des journalistes ont lancé l’alerte sur la présence de produits toxiques dans les tampons, et sur le fait que les serviettes hygiéniques sont composées de matières dérivées du pétrole. Comme toutes les femmes, nous avons été choquées. Pas seulement par le fait que les produits fabriqués par les grandes marques contenaient des produits nocifs pour la santé… Mais aussi parce que nous ne nous étions jamais posé la question ! Encouragées par les femmes de notre entourage, nous avons alors décidé de créer la marque de protections féminines que nous aurions voulu acheter.
On a été incubées à Nantes par Imagination Machine, un start-up studio monté par Rob Spiro, un super entrepreneur venu de la Bay (ex-Google). Le concept des protections périodiques bio par abonnement avait été lancé avec succès aux Etats-Unis, on s’ets dit qu’il y avait un créneau porteur. Mon mari et celui de Coline travaillaient ensemble c’est comme cela qu’on s’est rencontrées !
- Quelles sont les valeurs que vous défendez ?
jho veut dire juste et honnête. Avant de lancer le projet on avait interrogé 80 femmes et ce qui revenait c’était : ce n’est pas JUSTE (on est obligées d’acheter chaque mois des protections périodiques) et les fabricants ne sont pas HONNÊTES (pas de réglementation, substances controversées etc.).
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- Peux-tu nous parler des 5 associations à qui vous reversez 1,7% de votre chiffre d’affaires ?
Oui bien sûr, cette dimension solidaire fait partie de notre colonne vertébrale. Depuis la création on a donné 68.000 euros à 4 associations :
- Gynécologie sans frontières, un programme réseau de sages-femmes bénévoles pour des femmes migrantes ;
- Acars Saint-Etienne, un foyer d’accueil d’urgence qui aide les femmes victimes de violence
- Girls Excel Cameroun, qui sensibilise les femmes aux règles dans les zones rurales pour éviter la déscolarisation et la perte d’autonomie ;
- Cavoequiva en Côte d’Ivoire qui recueille les jeunes filles mineures, souvent enlevées à leurs parents dans les villages pour être exploitées sexuellement ou au travail. Nous avons financé un dortoir pour femmes
- Ravinala, qui soutient un groupe de femmes agricultrices dans le village ou j’ai vécu à Madagascar
- Comment vous partagez-vous les rôles avec Coline ta cofondatrice ?
On est très complémentaires, je suis davantage en charge du contenu et de l’identité de marque et Coline du marketing digital, du pilotage d’équipe (nous sommes 18 !) et des opérations.
- Avez-vous prévu de lever des fonds ? Quel est l’axe de développement de jho. pour 2021 ?
Nous n’avons pas de levée de fonds prévue pour le moment, nous avons fait une série A en 2020. Pour 2021, on veut accélérer sur la distribution offline, on est en pourparlers avec pas mal de gens.
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- Quelle est ta plus grande fierté d’entrepreneure ?
D’avoir créé une société alignée sur mes valeurs. D’avoir une équipe qui arrive tous les matins au bureau avec le sourire !
- Si tu pouvais inviter 3 personnes à un dîner, quelles seraient-elles ?
- Bradley Cooper, pour son talent de réalisateur, bien sûr.
- Bill Gates, je pense qu’il aurait 2/3 trucs à m’apprendre.
- Mon père qui est à mourir de rire
Je précise que l’absence de femmes à mon dîner est bien sûr lié au risque de concurrence vis-à-vis de Bradley Cooper, je préfère me le garder pour moi !
- Quel est le rêve qui te reste à réaliser ?
Aller passer 3 mois en Polynésie avec mon mari et mes enfants.
- Quel est le roman (ou le film) qui t’a le plus marqué et pourquoi ?
Un livre qui m’a marqué c’est Fille de Camille Laurens qui raconte l’éducation d’une fille dans une famille française traditionnelle du début des années 1960. Ce livre décrit bien tout ce que peut intégrer comme autocensure en tant que femme, les stéréotypes de genre, comment se libérer du poids d’une éducation empreinte de domination masculine.
Mon film préféré c’est Out of Africa, les paysages d’Afrique, l’histoire, les belles images, les acteurs, le côté romantique : je fonds !
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- Quel est le plus beau voyage que tu as réalisé ? Pourquoi ?
En tant que journaliste j’avais partagé pendant une semaine la vie d’éleveurs de vaches dans le Jura. J’ai voyagé sur tous les continents, mais ça, ça a été une expérience vraiment inattendue : j’ai découvert des gens formidables, avec des vies extrêmement riches. C’est dingue de se dire que l’on vit dans le même pays mais qu’on a des vies complètement différentes, on se croise, mais si on fait un petit pas de côté on découvre des modes de vies complètement différents. Ça m’a vraiment ouvert les yeux !
- Si tu pouvais murmurer quelque chose à l’oreille de Dorothée à la sortie du lycée que lui dirais-tu ?
T'inquiète pas ça va bien se passer, je te préviens juste qu’au fond de toi, il y a aussi une artiste.
- As-tu une citation ou un proverbe qui te vient souvent à l’esprit ?
Aime, et ce que tu veux, fais-le.
- Comment progresses-tu ?
Je me remets en question, je ne suis pas jalouse alors quand je vois quelqu’un qui réussit je suis plutôt admirative et j’essaie de m’inspirer des recettes qui marchent.
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- Quelle est ton addiction ?
L’eau ! J’adore nager, être dans l’eau et les sports nautiques (surf) !
- Que penses-tu des compléments alimentaires ? En prends-tu personnellement ?
J’en ai besoin car je suis insomniaque. Je prends aussi du magnésium pour la vitalité.
- Que penses-tu de Colette Lab ! As-tu un conseil à prodiguer ?
Je trouve ça hyper joli, vous avez une super identité visuelle ! Mon conseil serait de mettre davantage en avant l’équipe, au-delà de votre CEO.
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