Interview Mounia Erkha, fondatrice de 108 Milliards Rituals and Coaching for life.
Aujourd’hui nous partons à la découverte de Mounia Erkha, une femme solaire et perspicace qui, après une carrière dans le capital-risque a décidé de réaliser ses rêves en lançant une activité de coaching et de ritualiste, 108 milliards (si comme moi vous vous demandez à quoi se réfère ce chiffre, continuez la lecture). Elle nous parle du syndrome de 1ère de la classe, de comment célébrer nos moments heureux et nous raconte comment elle a rencontré l’amour de sa vie (une histoire incroyablement touchante, sortez vos mouchoirs). Une personne vraiment inspirante et attachante !
- Peux-tu nous raconter ton enfance ?
Oui j’ai grandi à Marrkech au soleil, mes deux parents étaient professeurs à la fac, mon père de chimie et ma mère de psychologie. Je suis venue en France à l’âge de 18 ans après mon bac passé au sein du lycée français pour faire ma prépa scientifique à Janson de Sailly. J’adorais les maths bien sûr mais aussi la philosophie et l’histoire. J’ai intégré Supelec en 3/2 [après 2 années de prépa, donc sans « cuber »]. J’ai entrepris ces études pour être en phase avec ce que mes parents attendaient de moi, j’avais vraiment le syndrome de la 1ère de la classe.
- En quoi consiste-t-il précisément ce syndrome ?
J’étais habitué à être félicitée par mes parents pour mes bons résultats, du coup, tu recherches en permanence leur approbation par des bonnes notes pour être conforme à ce qu’ils souhaitent. Cela peut entraîner une angoisse de ne pas être à la hauteur, car cela te met sous pression, tes critères personnels d’exigence étant bien supérieurs à ceux qui te sont fixés. J’ai mis longtemps à comprendre cela et cela m’a libérée.
- Tu as fait une prépa scientifique puis Supelec, qu’est-ce qui ta attirée dans les études d’ingénieure ?
A vrai dire, je n’avais pas spécialement de goût pour l’ingénierie ou les métiers techniques en tant que tels, je me suis juste dit que c’est la voie qui m’ouvrirait le plus de portes ensuite. Comme beaucoup de jeunes à cet âge-là je n’avais pas de plan de carrière ou de métier en ligne de mire. Beaucoup d’étudiants à Supelec se dirigeaient vers la finance de marché, moi j’ai su très vite que ça ne me correspondait pas. En troisième année j’ai vu une offre de stage pour travailler dans un fonds de capital-risque, je me suis dit que c’était un bon poste d’observation pour rencontrer des entrepreneurs. J’ai eu le coup de foudre pour ce métier et une fois encore le côte prestigieux permettait d’être en phase avec le syndrome de première de la classe.
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- Comment as-tu poursuivi ta carrière ?
J’ai travaillé chez Ventech puis je suis rentrée au Maroc car ma mère est tombée malade et j’ai travaillé au lancement d’une start-up, un site d’achats groupés, une sorte de Groupon marocain qui s’appelait Mydeal.ma. J’y ai passé 3 ans et ai beaucoup appris. On a même fait sauter le centre monétqiue marocain sous la charge c’était vraiment le début des paiements sur Internet là-bas. Je suis ensuite rentrée en France et ai travaillé chez Schibsted, la maison-mère du Bon coin dans la practice de corporate venture mais j’ai réalisé que le corporate venture ne me correspondait pas. Je suis donc retournée en VC dans le fonds ISAI pour lancer l’activité d’amorçage et j’y étais très épanouie.
- Quel a été alors le déclic pour fonder 108 Milliards ?
J’avais commencé un coaching et je me suis prise de passion pour cette activité donc je me suis formée au coaching et pendant cette formation, tu te fais vraiment coacher en profondeur et c’est là que tout est remonté à la surface, toutes les questions que tu mets sous le tapis. La question du SENS est vraiment ressortie. Quelle est ma mission sur terre ? Qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? C’est le moment où j’ai arrêté de faire des choix pour faire plaisir aux autres, pour « cocher des cases » de la réussite (bonnes études, bon job, bon salaire) et être au final otage des injonctions externes. En rentrant de mon deuxième congé maternité (octobre 2019) j’ai décidé de sauter le pas et j’ai lancé ce projet début 2020.
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- D’ailleurs à quoi fait référence 108 Milliards, c’est le nombre de neurones dans le cerveau ?
Non pas du tout ! [estimé entre 86 et 100 milliards, c’était plausible !]
C’est l’estimation du nombre total de personnes qui sont nées sur la Terre !
- Tu te définis comme coach et ritualiste, peux-tu nous en dire davantage ?
Depuis que je suis enfant quand je me demande c’est quoi être heureux j’ai l’habitude de refaire le film de ma vie, tu sais comme dans les films quand quelque’un sait qu’il va mourir et que sa vie défile devant ses yeux.Et bien je me suis toujours dit que le bonheur, la sérénité, la réalisation c’était de se repasser son film et de se dire que j’ai fait pour le mieux, que j’ai show up, et même, que j’ai , la même affection pour les moments tristes que pour les plus heureux en me disant « c’est MA vie ». Avec 108 Milliards, je me suis donnée l’ambition d’aider les autres à avoir le meilleur film possible. Alors l’activité de coaching consiste à visualiser le film que tu aimerais avoir et le côté ritualiste c’est apprendre à célébrer et aimer les moments importants. Je suis très attachée aux rituels, c’est un moyen de construction très important. En 2016 des amis m’avaient deamndé de les aider à préparer une cérémonie de mariage laïc cela a été un déclic pour moi. La mariée était une juive ashkénaze, athée mais très attachée à son identité juive, aux valeurs sur lesquelles elle voulait fonder son couple et sa famille. Nos discussions l’ont amenée à réaliser qu’elle pouvait honorer son identité sans forcément se prêter à une cérémonie religieuse qui ne lui parlait. C’est vrai que ces cérémonies sont souvent associées au religieux et que quand cette partie là nous parle moins on peut vouloir s’en éloigner. Mais on n’est pas obligés de jeter le bébé avec l’eau du bain. Aujourd’hui j’aide des gens à créer ces rituels, par exemple des mariages laïcs, des baptêmes laïcs.
- Quelles sont les valeurs que vous défendez ?
L’abondance partagée, la générosité, la réussite, l’ambition. Mon grand-père disait « mange et fais manger ».
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- « Créez et célébrez les moments clés de votre vie » : comment mettre en œuvre dans sa vie cette devise ?
D’abord en en prenant conscience. En se donnant un peu de temps. Il faut se demander : qu’est-ce que j’ai envie de mettre dans mon film ?
- Quels services proposes-tu au sein de 108 Milliards ?
Deux types de services :
-Un programme de coaching avec 3 modules de 3 mois : le fonctionnement du cerveau, prise de recul et film de la vie puis machine à concrétiser, augmenter l’estime de soi. Il y a une session tous les 15 jours. J’ai aussi un programme spécifique pour les chefs d’entreprises et execs qui s’appelle « Le parcours des athlètes ».
- les rituels avec la préparation de cérémonies de célébration : mariages, naissances, départ en retraite et pourquoi pas deuil.
- Comment partages-tu ton temps aujourd’hui ? Parviens-tu à déléguer ?
Je m’occupe de mes clients coaching et je travaille à à développer mon business. Sinon, j’écris un roman que j’ai commencé pendant le premier confinement. J’ai finalisé une première version, ensuite j’ai participé à un atelier d’écriture avec les Mots (LES MOTS), du coup j’ai réécrit pas mal de choses. Il s’agit des aventures d’un atome d’oxygène qui parle aux humains. En ce moment je laisse le manuscrit reposer avant de repartir sur un cycle d’écriture qui j’espère verra l’aboutissement du roman.
- Quelle est ta plus grande fierté ?
Mon couple ! C’ets une histoire incroyable, comme dans les films ! A ma rentrée à Janson de Sailly en prépa j’ai eu un coup de foudre dans le métro et j’ai découvert esnuite que le garçon en question était dans ma classe [il y a 4.000 élèves à Janson de Sailly…]. On est sortis ensemble 15 jours après et on va fêter nos 18 ans ensemble bientôt, la moitié de notre vie !
- Si tu pouvais inviter 3 personnes à un dîner, quelles seraient-elles ?
- Emmanuel Faber, le patron de Danone, son discours à HEC m’a beaucoup touchée.
- Brené Brown, une chercheuse en sciences humaines et sociales à l'université de Houston et conférencière, qui parle très justement de la vulnérabilité.
- Barcak Obama, ok c’est cliché mais je suis en train de lire sa biographie c’est quelqu’un de vraiment stylé
- Quel est le film qui t’a le plus marqué et pourquoi ?
La Gloire de mon père d’Yves Robert, adapté de Pagnol. Le film pose des questions existentielles sur le goût de vivre il y a une atmosphère qui m’enchante.
- Quel est le rêve qui te reste à réaliser ?
Vivre au bord de la mer.
- Quel est le plus beau voyage que tu aies réalisé ?
La Tanzanie en 2013 avec l’ascension du Kilimandjaro et le safari.
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- Quelle est ton addiction ?
Le sucre. Ma passion pour le sucre s’est longtemps épanouie sans limites. Elle a fini par se faire rattraper par les dernières études sur le sujet. Je me souviens très bien de l'effroi provoqué il y a quelques années, par un documentaire sur ARTE qui décrivait par le menu comment le sucre nous était nocif et créait une addiction. J'essaie depuis lors de me contrôler, mais je dois bien avouer que les résultats sont encore médiocres. Le plus cocasse est que j'ai développé une intransigeance extrême vis-à-vis de mes enfants. J'y suis aidée par les tendances du moment : désormais les pédiatres interdisent le sucre durant la première année des bébés, et l'industrie agro-alimentaire a fait des progrès considérables pour s'adapter.
Il m’est même arrivé de fustiger mon mari parce qu'il avait donné un morceau de chocolat à notre bébé de un an : "elle va développer l'addiction" lui avais-je dit.
Il faut dire que je sais de quoi je parle. Il m'arrive encore régulièrement d'attendre que mes enfants soient endormis pour me faire livrer de la glace et la dévorer aussi sec. Grâce aux miracles des smartphones, je suis à un click et trente minutes du paradis.
Ce qui ne m'aide pas, c'est que contrairement à l'alcool ou à la drogue, l'addiction au sucre n'est pas socialement considérée comme un problème. Il n'existe à ma connaissance pas de réunion des "sucroliques anonymes ".
Rassure-toi je n'ai pour l'instant aucun problème de santé. En dehors de mes sorties de route sucrées, mon alimentation est on ne peut plus équilibrée.
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- Si tu pouvais murmurer quelque chose à l’oreille de Mounia à la sortie de la prépa à Janson, que lui dirais-tu ?
De se détendre un peu, de se faire confiance.
- As-tu une citation ou un proverbe qui te vient souvent à l’esprit ?
« Ce n'est pas pour panser les plaies du passé que je reviens aujourd'hui réveiller ta mémoire, le temps l'a déjà fait. Non, si je veux te conter ton histoire, c'est peut-être, et seulement, pour trouver un sens à la mienne. » Mahi Binebine - Le sommeil de l'esclave.
- Comment progresses-tu ?
En me fixant des objectifs et en sachant à l’avance que ce n’est pas dramatique de ne pas les atteindre à 100% et que l’important est de remonter à cheval.
- Que penses-tu des compléments alimentaires ? En prends-tu personnellement ?
Oui je fais des cures de magnésium, fer, oméga-3. Pendant mes grossesses je prenais de l’acide folique. Je m’intéresse en ce moment au microbiote.
- Que penses-tu de Colette Lab? As-tu un conseil nous prodiguer ?
J’aime votre approche fraîche et moderne. Avancez et allez-y à fond !
Merci Mounia <3
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