Portrait de Meryl ATTOU, Responsable des Relations Investisseurs chez LITA et Cofondatrice de l'association Dans ma Rue
Quelle belle rencontre nous avons faite avec Meryl Attou ! Cette jeune femme engagée et super dynamique partage son temps entre Lita, une plateforme de financement de projets à impact social et Dans ma rue, l’association qu’elle a cofondée et qui organise des maraudes auprès des personnes sans-abri dans Paris. Dans ce passionnant entretien qu’elle nous a accordé, elle nous parle de son parcours, de ses différents projets et nous conseille un super film de Tim Burton. Une personne vraiment inspirante et lumineuse !
A LIRE AUSSI : Interview de Coralie Lancry, fondatrice de Nateya.
- Peux-tu nous raconter ton enfance ?
J’ai eu une enfance très classique dans une petite ville de l’Essone (91) près d’Etampes. Mon père gérait un bar dans le village puis est allé travaillé à Rungis comme grossiste (fromages, produits laitiers) et ma mère travaille dans une centrale d’achat de la grande distribution. Mes parents n’étaient pas spécialement engagés mais sont de merveilleux parents ! Ma grand-mère était directrice aux Restos du cœur.
- Comment as-tu choisi tes études ?
J’ai toujours été très sportive, j’ai fait sport-étude tennis. A l’époque on n’était pas vraiment conseillés sur l’orientation, mes parents souhaitaient que j’aille vers une filière où il y avait des débouchés professionnels. Après mon BAC S j’ai commencé une licence d’économie-gestion à Assas, c’était un choc car au lycée il y avait beaucoup de diversité les gens venaient de tous les horizons. Après ma licence, j’ai fait un Master 1 de géopolitique c’était passionnant, on parlait de répartition des richesses puis un master 2 de Commerce et Management International c’était moins intéressant. J’étais an alternance à la Coface, une société qui appartenait à l’Etats et couvrait le risque politique pour des grandes sociétés exportatrices françaises.
- Quel a été ton parcours jusqu’à Lita ?
A la fin de mes études, je suis partie avec mon ami d’enfance Usman, nous sommes partis faire un voyage d’un an : Népal, Inde, Birmanie, Thaïlande, Cambodge, Vietnam et Nouvelle-Zélande ! J’ai donné des cours d’anglais et de mathématiques dans une école à New Dehli. En voyage tu as le temps de te projeter sur ton avenir, de réfléchir à ce que tu veux faire. De retour à Paris, on a eu la volonté de s’engager dans un projet à nous et c’est là qu’est né Dans ma rue.
- Justement, tu peux nous en dire davantage sur Dans la rue, l’association que tu as cofondée ?
Usman et moi avons fondé l’association dans le 13ème arrondissement de Paris avec l’idée des’engager au quotidien au côté des personnes sans domicile fixe. Partant du constat que lespersonnes d’un même quartier logées ou non, se croisent quotidiennement sans échanger, on a souhaité développer un dialogue entre ces voisins qui se connaissent souvent mal.
Un véritable cercle de solidarité s’est créé, avec deux partenaires : le restaurant l’Age d’or, dans le 13ème arrondissement, qui met à disposition sa cuisine et ses locaux pour organiser les maraudes ; et les clients de La Ruche qui dit oui du 13ème, qui offrent un panier solidaire rempli de produits laitiers et de légumes avec lesquels les sandwiches et la soupe sont préparés.
Cet esprit de partage et de convivialité nés de ces rencontres hebdomadaires, motivent alors de plus en plus de nouveaux bénévoles. Cet afflux de bénévoles réguliers permet, à partir de janvier 2017, d’assurer une maraude hebdomadaire.
Cet engouement a permis d’ouvrir une deuxième antenne, dans le 15ème arrondissement, en novembre 2017, en partenariat avec la Maison Relais Jean Rodhain et La Ruche qui dit oui deCambronne. En 2020, 2 nouvelles antennes ont ouvert leurs portes : Dans le 10ème arrondissement et à Vincennes.
Nous menons des maraudes dites « sociales », tous les samedis. Nous distribuons café, thé, soupe, et sandwiches, mais c’est en réalité un moyen d’établir le premier contact, d’amorcer la conversation, et de créer un échange convivial. On prend le temps d’un thé, d’une cigarette, d’une partie de carte ou de blind test, mais l’objectif est surtout d’être présent, à l’écoute, échanger des sourires, prendre une main et surtout offrir une conversation… Ces conversations comptent beaucoup pour les femmes, les hommes et les enfants en situation d’exclusion.
Après un travail de fond de cinq ans et plus de 2000 litres de soupe distribués par les quelques 600 bénévoles, nous sommes maintenant devenus un rendez-vous hebdomadaire pour certains sans-abris. Le but de l’association est de développer le lien social entre sans-abris et habitants d’un même quartier.
Nous avons réussi à créer un lien social et de confiance avec une soixantaine de bénéficiaires dans le 13ème arrondissement et une quarantaine dans le 15ème. En plus d’apporter chaleur humaine et convivialité, nous essayons au mieux de suivre leur situation. Nous établissons une relation d’égal à égal, d’amitié, créant ainsi un lien de confiance qui nous permet de les orienter, parfois accompagner, vers des structures professionnelles ou les services sociaux de la ville de Paris.
Au cours de nos maraudes, nous prenons aussi des commandes de vêtements, produits d’hygiène, ou autres (radio, livres, couvertures…) et essayons de les apporter la semaine suivante. Les maraudes sont ouvertes à tout le monde, sur simple inscription. Il n’y a pas d’obligations en termes de fréquence, chacun peut participer selon ses disponibilités et ses envies. Nous espérons pouvoir couvrir d’autres arrondissements dans les années à venir.
- Comment as-tu rejoint Lita ?
En rentrant de voyage j’ai eu une offre de la Coface où je suis retournée travailler en parallèle de l’association. Mais ce travail n’était pas aligné sur mes valeurs, nos clients étaient les plus grandes banques françaises. J’étais un rouage d’un système auquel je n’adhérais pas. A une conférence sur l’entrepreneuriat féminin j’ai entendu Eva Sadoun, la fondatrice de Lita parler et son discours a fait écho à mes valeurs. Le social avec la finance c’était le match parfait !
A LIRE AUSSI : Interview de Caroline Boudergue, MANAGING DIRECTOR DE WOMAN IN AFRICA INITIATIVE.
- Comment fonctionne Lita ?
Lita.co est une plateforme d’investissements durables à impact positif. Lita.co a convaincu
20 000 épargnants et investisseurs de choisir de mettre leurs euros au service des entreprises plus respectueuses de l’environnement ou à la recherche de solutions pour réduire les inégalités sociales. C’est un outil pour développer des nouveaux modèles d’entreprise.
En 5 ans nous avons levé 50 millions d’euros, finançant près de 125 sociétés dans trois pays.
Nous sommes 40 employés entre la France, la Belgique et l’Italie.
- Quelles sont les valeurs que vous défendez ?
L’idée est de donner du sens à son épargne et ne pas laisser les grandes institutions financières faire n’importe quoi avec notre argent. C’est une autre manière de faire de la finance et de réallouer l’épargne vers une économie créatrice d’emplois et génératrice d’externalités positives.
- Quelle est ta plus grande fierté ?
D’avoir réussi à créer quelque chose. L’impact de Dans ma rue est significatif, même si c’est à petite échelle. Il y a eu de belles rencontres, des amitiés et même des couples !
On pousse les gens à accomplir des démarches, au-delà de l’impact direct (faire sortir des personnes de la rue) il y a un vrai impact indirect.
- Si tu pouvais inviter 3 personnes à un dîner, quelles seraient-elles ?
- Neil Young
- Benoit Hamon
- Virginie Despentes
- Quel est le livre ou film qui t’a le plus marqué et pourquoi ?
En film : "Big Fish" de Tim Burton, l’histoire d’Edward Bloom, un père débordant d’imagination, et de son fils William. Ce dernier retourne au domicile familial après l’avoir longtemps quitté longtemps pour être au chevet de son père, atteint d’un cancer. Il souhaite mieux le connaître et découvrir ses secrets avant qu’il ne soit trop tard.
En livre : "L’Equilibre du monde" de Rohinton Mistry qui raconte la complexité de la société indienne à travers des personnages venus de tous horizons, une parabole de la condition humaine et d’une nation.
- Quel est le rêve qui te reste à réaliser ?
J’en ai plein ! Aller voir Neil Young en concert, d’apprendre un métier totalement différent, scientifique ou manuel, où je peux créer quelque chose de concret avec mes mains et mon cerveau !
- Quel est le plus beau voyage que tu aies réalisé ?
Le Mexique à Tulum avant que ça devienne très touristique. J’ai adoré les gens, les connexions, sortir de sa bulle. J’ai compris là-bas que j’étais un être social et que j’avais besoin des autres.
- Quelle est ton addiction ?
L’amitié, c’est vraiment quelque chose d’essentiel pour moi !
- Si tu pouvais murmurer quelque chose à l’oreille de Meryl à la sortie du lycée, que lui dirais-tu ?
De s’engager tout de suite dans une activité de bénévole et de ne pas attendre.
- Comment progresses-tu ?
En écoutant les autres. J’ai des convictions pas de vérités. On peut évoluer et changer d’avis, j’aime me confronter à l’opinion d’autres personnes.
- Que penses-tu des compléments alimentaires ? En prends-tu personnellement ?
Je pense que c’est essentiel d’être dans la prévention, ma mère prend des probiotiques pour traiter des problèmes d’eczéma.
- Que penses-tu de Colette Lab ? As-tu un conseil nous prodiguer ?
C’est un chouette projet avec un vrai impact sur les gens. Je me demande si vous ne devriez pas abandonner le terme « complément alimentaire » qui peut être galvaudé, votre produit est génial et efficace mais dans l’univers des compléments il y a beaucoup de poudre de perlimpinpin !
Shop