Interview de Kahina Houda Benhebri, CEO et Fondatrice de Mireille

Dans le paysage des applications cosmétiques, "CompoScan" était déjà considérée comme la seule appli bienveillante envers le naturel. En effet elle ne pénalise pas les allergènes naturels dans son évaluation. A l'automne 2020, elle a changé de nom pour devenir l'appli Mireille. Nous sommes partis à la découverte de sa fondatrice Kahina qui nous raconte la genèse de son projet et ce qui l’inspire au jour le jour. Une personne vraiment inspirante ! 

 

1. Peux-tu nous raconter ton enfance ?

Je suis la deuxième génération d’une famille d'immigrés, mon père est un Algérien berbère et ma mère est Marocaine. Ils se sont installés dans un quartier résidentiel aux Yvelines, un milieu où on a plus de chance mais où il y avait très peu de diversité, j’étais la seule arabe de ma classe et ça ne s'est pas très bien passé. Pas seulement pour une question de racisme mais le système scolaire ne m'allait pas du tout. J’ai été diagnostiqué HPI c'est-à-dire que j’ai un haut potentiel intellectuel et on m’a laissé comme ça sans explication et sans aide vis à vis de ça. J’ai donc commencé faire des dépressions très tôt.

Je viens d’une culture où la famille attend beaucoup en termes d'études. Je suis allé à la fac, j’aimais beaucoup le côté engagé de la fac, l’associatif. J’ai fait une fac de psycho et de droit mais j’ai beau-coup retapé. Je n’ai pas eu de licence et finalement j’ai pu trouver un boulot en tant que juriste à Bruxelles ce qui m’a permis de mettre un pied dans le monde professionnel. J’étais en couple avec un entrepreneur et j’ai commencé à entreprendre avec lui, je me suis orienté vers un projet qui ne me correspondait pas.

Aujourd’hui je pense que l’école française est une catastrophe. Je suis une entrepreneure sans diplôme avec une formation à Bruxelles qui est l’équivalent d’un bac +3.

 

2. Comment as-tu choisi tes études (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Le Wagon) ?

Je me suis orientée vers la psychologie pour mieux me comprendre, ré-gler mes problèmes par rapport à mon vécu, je voulais comprendre mon fonctionnement. Je me suis vite rendu compte que je ne voulais pas juste écouter les autres mais que j’étais du genre à militer avec et pour les autres. Je baigne dans les manifs depuis petite et j’aime dé-fendre des causes depuis longtemps et c’est pour ça que je me suis ré-orientée vers le droit. Mais la réalité des études est vite arrivée.

Quand j’ai fait « Le Wagon », je venais tout juste de sortir de mes études. J’adore l’informatique et je suis fan d’ordis et d’internet de-puis longtemps, j’avais aussi des envies de développer des sites. J’ai fait cette formation à ses débuts, ça m’a beaucoup aidée car je n’avais pas envie de reprendre les études, c’était un bon compromis.

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3. Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel avant la fondation de Mireille ?

J’ai travaillé dans un cabinet d’avocat à Bruxelles en tant que juriste, j’ai avant ça fait plusieurs petits boulots étudiants. Je m'assume financièrement mais j'avais toujours le statut d’étudiant.

4. Qu’est-ce que c’est concrètement Mireille ?

C’est une appli pour composer sa salle de bain idéale et sans produit toxiques. Il y a une option « Salle de bain » qui permet de voir globalement combien d'ingrédients tu utilises et combien d’entre eux sont problématiques.

Un biologiste fait l’analyse des ingrédients pour déterminer ce qui est bon ou pas et la petite Gaby, youtubeuse beauté green spécialisée dans le marketing donne des avis cosmétiques. 

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5. Comment fonctionne Mireille ?

C’est une application avec plusieurs entrées pour voir le produit : le scan, le nom de la marque, l’option salle de bain qui se développe au fur et à mesure et le tiroir est en cours de développement. Il permettra d’avoir son bilan et sa liste de routine. Et au fur et à mesure on développe cette fonctionnalité et là on prépare le tiroir pour avoir le bilan et liste de la routine directement dedans. Il y a aussi un outil de traduction de composition, comme un google trad de la cosmétique !

 

6. Quelles sont les valeurs de Mireille ?

• La Transparence : On fait souvent des Lives où on répond à des questions sans tabou.
• Le Militantisme : Nous sommes pro-droit LGBTQ+ et antiraciste (dans la cosmétique et ailleurs …)

 

7. D’où te vient cet intérêt pour la cosmétique ?

Mon premier lissage je l’ai fait quand j’avais 5 ans. Je n'ai vu mes cheveux naturels qu’en 2015 et j’ai dû apprendre à m’en occuper. Quand je suis revenue à mes cheveux naturels, j’ai commencé à m’intéresser aux composants des produits. Je faisais des lissages brésiliens et la coiffeuse m’a dit d’éviter le Sodium Laureth sulfate, un nettoyant qu’on retrouve dans beaucoup de produits. Je pensais vu son agressivité qu’il ne serait pas très utilisé… l’erreur. J’ai donc commencé à me diriger vers les soins naturels et à me plonger sur le sujet. Il y avait à l’époque un site qui analysait les ingrédients un par un. Mais le site était mal foutu et à l’époque il n’y avait aucune appli et je me suis dit qu’il devrait y en avoir une.

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8. La Clean Beauty prend-il de l’ampleur ou non ?

Oui, mais au fur et à mesure le Greenwashing prend de l’ampleur avec elle. Il faut faire attention à ne pas virer vers ce Greenwashing. Sur-tout avec la crise car les gens font plus attention à leur santé qu’avant.

 

9. Quels sont tes projets futurs ?

De développer l’accompagnement global avec le concept « salle de bain » pour acheter des produits qui leurs sont adaptés.

On a remarqué que les gens voulant changer de routine ne savent pas comment faire, quoi prendre et où se tourner. On se retrouve à avoir pleins de produits différents et à sur-consommer pour rien.

 

10. Si tu pouvais inviter 3 personnes à un dîner, quelles seraient-elles ?

• Serena Williams
• Steve Jobs
• Marsha P. Johnson

 

11. Quel est le roman (ou le film) qui t’a le plus marqué et pour-quoi ?

• Film : « Romeo + Juliette » très belle adaptation
• Livre : « Thanatonautes » Bernard Werber

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12. Quel est le rêve qui te reste à réaliser ?

M’installer en Californie et parler le Kabyle.

 

13. Quel est le plus beau voyage que tu aies réalisé ? Pourquoi ?

L’Algérie en 2018, je n’y avais pas été depuis plus de 20 ans. Cela m’a permis d’aller dans le village de mon père, de visiter la tombe de mes grands-parents, ce qui est très important pour moi.

 

14. Quel est le meilleur conseil que l'on t’ait jamais donné ?

« Rien n’est grave » c’est ce que mon copain m’a dit. Il y a plein de trucs dans la vie dont on fait une montagne mais en fait, ce n’est pas grave.

 

15. Comment progresses-tu ?

En remettant tout en question. Ça permet de voir pleins de trucs, il y a aussi le fait que rien n’est grave qui m’a beaucoup aidé et qui me per-met de me concentrer sur ce qui est important, sur ce qui a de la va-leur.

 

16. Quelle est ton addiction ?

Les carnets, j’en achète beaucoup mais je n'écris rien dessus. Il y a aussi les produits cosmétiques, mais j'ai une super excuse : c’est pour le travail.

 

18. As-tu une citation ou un proverbe qui te vient souvent à l’esprit ?

« Ultreïa » qui veut dire « Plus loin plus haut »

C’est un cri de ralliement des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Le but est de s’encourager à aller plus loin.

 

19. Que penses-tu des compléments alimentaires ? En prends-tu personnellement ?

Ça m'est déjà arrivé, mais mon seul problème c’est la régularité. J’aimerais bien m’y tenir.

 

20. Que penses-tu de Colette Lab ? As-tu un conseil à nous prodiguer ?

De rester et d’être toujours transparent, c’est important.