Interview de Solenne Bocquillon CEO de SOFT KIDS
- Pouvez-vous nous raconter votre enfance ?
J’ai grandi dans les Yvelines en bordure de forêt, j’ai une enfance classique et heureuse, baignée dans la nature. J’ai deux petits frères, des jumeaux, mon père était gérant d’une entreprise de transport et ma mère travaillait comme responsable de stand Ralph Lauren au Printemps. Ce qui est assez atypique dans mon enfance, c’est que j’ai été fan de politique dès la primaire. Mon père étant aussi un grand fan cela me permettait de passer un moment avec e.lui en regardant les émissions politiques.
- Comment avez-vous choisi vos études (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Étant fan de politique, mon rêve était de remplacer Anne Sinclair dans l’émission 7 sur 7. Être journaliste politique et interviewer les grands hommes du monde, c’est ce que je voulais faire. J’ai donc fait une fac de droit dans l’optique d’intégrer science po, chose que je n’ai jamais faite. Ce qui m’intéressait le plus à la fac, c’était le droit du travail, je trouvais que c’était une matière plus vivante et tangible que le droit public par exemple. J’ai fait un premier stage en ressource humaine et ça m’a vraiment plu, j’ai donc fait un master en ressource humaine après ma licence de droit.
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Pouvez-vous nous raconter votre parcours professionnel avant la fondation de Soft Kids ? Quel souvenir gardez-vous de votre passage chez Shell ?
J’ai travaillé en tant que responsable RH au Printemps puis chargée de relation sociale au Crédit Agricole. J’ai fait un petit coup de poker pour intégrer Shell. J’ai passé un entretien en anglais alors que je n’étais pas très bonne en anglais et j’ai été prise. Ça m’a permis de pratiquer l’anglais quotidiennement et malgré le fait que mon niveau ne soit pas totalement bilingue à l’époque, on m’a laissé l’opportunité d’apprendre, d’évoluer et de me développer.
En 3 ans, je suis passée de postes en France à des postes internationaux. Shell est une entreprise anglo-néerlandaise et elle valorise les compétences comportementales, ils ont plus regardé la manière dont je gérais un projet ou collaborais plutôt que mon CV et c’est ce qui m’a permis d’évoluer très vite.
En 2013 j’étais DRH en charge de la stratégie, d’une des entités de Shell regroupant 15 000 salariés, principalement basés en Asie. En 2017, on m’a demandé de travailler avec mon équipe, sur l’impact de la robotisation et de l’automatisation sur les métiers de demain et les compétences s du futur. J’ai alors découvert que 65% des écoliers d’aujourd’hui feront des métiers qui n’existent pas encore et je me suis demandée comment faire pour préparer mes enfants à ça. J’ai rapidement vu que l’OCDE et le World Economic Forum, placés les soft skills comme les compétences indispensables à développer pour répondre à ce défi. Il y a pas mal de choses aux USA sur les Soft Skills et j’ai décidé de lancer une application pour cultiver les soft skills des enfants. Parmi les programmes il y a développer la confiance en soi, la persévérance, son esprit critique, savoir collaborer avec les autres, comprendre les problèmes et pouvoir les résoudre etc.
Comme j’ai fait une carrière à l’international, je ne me voyais pas créer une entreprise franco-française et je voulais toucher un maximum l’international, le digital me le permet. L’application est disponible partout dans le monde en Français et en anglais.
J’ai donc quitté Shell en février 2019 et en mars 2019 j’ai intégré le programme HEC Challenge +. C’est un programme pour les startups. Le but est d’arriver avec son idée et au bout de 9 mois d’avoir un prototype. À la sortie d’HEC j’avais oune application avec un programme pour cultiver la confiance en soi. Après quelques changements je l’ai commercialisé en avril 2020. J’ai réussi à avoir des financements en faisant une campagne de crowdfunding sur Ulule en juin 2020. Aujourd’hui, nous développons Soft Kids au travers de nouveaux programmes. Il s’agit de la première application qui aborde le sujet des soft skills pour les enfants.
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- Pouvez-vous nous rappeler qu’est-ce sont les soft skills ?
Il est difficile d’avoir une traduction du terme soft skills car cela regroupe beaucoup de choses. Mais en gros ce sont toutes les compétences socio-émotionnelles et comportementales qu’on utilise au quotidien.
- Quelle a été la genèse de Soft Kids
La genèse, c’est le rapport OCDE-Education 2030, publié en 2018 et qui met en avant le besoin de transformer l’école et d’apprendre les soft skills. La raison d’être de Soft Kids, c’est de développer les compétences du 21ème siècle des enfants. L’apprentissage des soft skills a des bénéfices positifs sur les résultats scolaires, l’épanouissement au quotidien, amélioration de la santé mentale et de la confiance en soi. D’après le classement OCDE, la France est 62ème sur 65 au niveau de la confiance en soi des élèves. C’est un vrai problème.
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- Comment fonctionne Soft Kids ?
C’est une application qui stimule les enfants en jouant, ça se fait à travers la gamification/ ludification . En jouant, les enfants ne se rendent pas compte qu’ils apprennent. Il y a des vidéos, des jeux, des quizz, pas mal d’auto-réflexion et cela permet à l’enfant de prendre conscience de ses compétences.
Il y a par exemple un jeu où l’enfant doit choisir ce qu’il a appris depuis sa naissance. Le jeu se fait avec les parents et ça permet non seulement de prendre confiance mais aussi d’avoir un moment en famille.
- Quelles sont les valeurs de Soft Kids ?
On veut avoir un impact sur la société, en cultivant tous ses soft skills les enfants se sentent mieux et sont plus épanouis. Nous souhaitons transmettre des valeurs de :
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Diversité
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Inclusion
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Que tout le monde se sente à sa place
- Un impact positif sur la planète, chaque jeu permet de gagner une goutte d’eau pour planter un arbre.
Plus les adultes de demain sont épanouis et plus la société se sentira mieux aussi.
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- Pour vous, quelles sont les choses à faire et ne pas faire pour favoriser le développement intellectuel de l’enfant ?
Il y a des choses qu’on oublie de faire comme de prendre le temps d’observer les enfants. On apprend beaucoup en les observant, en les questionnant, en dialoguant avec eux et surtout en n’émettant pas de jugement.
Ce qu’il ne faut pas faire c’est de ne pas les écouter, les juger, et leur mettre la pression. . La nouvelle génération a pas mal de pression sur les épaules en ce qui concerne l’écologie, la planète…
Je crois au concept du reverse monitoring qui consiste à apprendre de manière inversée, les jeunes apprennent au plus anciens. Avec YouTube, les tutos et les réseaux sociaux, les enfants apprennent beaucoup de choses par eux même et peuvent nous transmettre des choses.
- Pourriez-vous nous dire un mot de vos activités connexes (Business Angel-speaker, General secretary Digital Ladies and Allies) ?
Je suis très engagé dans l’associatif, je pars du principe que tout le monde peut apporter sa petite pierre à l’édifice. Ça fait 6 ans que je suis présidente d’une crèche parentale associative. C’est une crèche que les parents gèrent pour tout ce qui concerne l’administratif. L’année dernière pendant la pandémie ça m’a pris pas mal de temps. Je suis également secrétaire général des Digital Ladies & Allies qui promeut plus de mixité dans la tech. Si les logiciels et les algorithmes ne sont faits que par une partie de la population, il y a des biais inconscients. Par exemple, il y a des femmes aux Etats-Unis qui ont eu plus de refus de prêt car les algorithmes défavorisés leur dossier car elles étaient des femmes.
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- Quels sont vos projets futurs ?
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Pour Soft Kids j’aimerais qu’on se déploie davantage à l’international. Nous sommes en train de tout mettre en place pour intégrer le marché américain, canadien…
- Côté perso : Si Soft kids grandit c’est pas mal pour moi !
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Si vous pouviez inviter 3 personnes à un dîner, quelles seraient-elles ?
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Mory Sacko car je suis sûre de bien manger
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Anne Sinclair pour qu’elle me raconte ses anecdotes d’interviews
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Christophe André pour savourer l’instant présent
- Quel est le roman (ou le film) qui vous a le plus marqué et pourquoi ?
Je suis passionnée par les comportements humains donc je suis plus du genre à être sur la plage pour observer les gens.
En ce qui concerne les livres, le premier auteur qui m’a passionné, c’est Émile Zola avec Les Rougon-Macquart et le tout premier que j’ai lu de lui c’est : « Au Bonheur des Dames »
- Quel est le rêve qui vous reste à réaliser ?
Écrire un livre.
- Quel est le plus beau voyage que vous ayez réalisé ? Pourquoi ?
La Tanzanie pour sa faune et sa flore. De plus, se réveiller tous les matins avec quelqu’un qui vous dit « Hakuna Matata ! », c’est le kiff !
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- Quel est le meilleur conseil qu'on vous ait jamais donné ?
Une de mes mentors m’a chamboulé en me disant « Après quoi tu cours ? »
- Comment progressez-vous ?
Je me forme beaucoup, je lis, j’écoute des podcast, je parle avec beaucoup de gens et je me fais accompagner quand il le faut.
- Quelle est votre addiction ?
Le chocolat et les pâtisseries.
- Quel est le morceau que vous écoutez en boucle en ce moment ?
ColdPlays- Paradise
- Si vous pouviez murmurer quelque chose à l’oreille de Solenne à la sortie de la fac, que lui diriez-vous ?
« Vas-y fonce ! »
- Avez-vous une citation ou un proverbe qui vous vient souvent à l’esprit ?
« À tout problème une solution »
- Que pensez-vous des compléments alimentaires ? En prenez-vous personnellement ?
Ça fait partie de mon quotidien, je suis suivie par Valérie Espinasse depuis environ 6-7 ans. J’en prends tous les jours, ça fait partie de mon équilibre.
22. Que pensez-vous de Colette Lab? Avez-vous un conseil à nous prodiguer ?
Je trouve que c’est quelque chose de bien d’avoir des compléments alimentaires naturels et bio. Il y a beaucoup de laboratoires et on ne sait pas toujours ce qu’il y a à l’intérieur, savoir que c’est bio c’est bien. Les valeurs véhiculées par la marque sont dans l’air du temps et il faut tester !
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