Portrait de Marion Crosnier à l'initiative de l'éco-lieu "Les Ciboulettes"

Gandhi a dit « sois le changement que tu veux voir dans le Monde », c’est ce que Marion a fait en quittant son travail salarié pour se lancer dans un une activité qui lui donne du sens. Revenir vers une voie qui lui ressemble et mettre son énergie au service d’une activité créatrice de liens. Entrepreneure, éco-responsable et engagée, elle crée Les Ciboulettes, un éco-lieu permettant de décompresser, d’expérimenter et de faire du bien à soi, aux autres et la planète. Dans cet entretien elle revient sur son parcours, nous présente ses valeurs et son beau projet. Une personne vraiment inspirante !

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1. Peux-tu nous raconter ton enfance ?

J’ai grandi à Boulogne dans les Hauts-de-Seine. J’ai deux grandes sœurs, et ça, c’est une chance dans la vie! Et des parents plutôt intellos qui nous ont beaucoup encouragées à nous questionner, à lire et à ne pas tomber dans un conformisme facile !

 

2. Quel a été ton parcours jusqu’à Les Ciboulettes ?

J’ai eu un parcours classique me menant vers une école de commerce. Attirée par les « paillettes » et ayant besoin de me prouver que je n’étais pas stupide, j’ai travaillé en tant que consultante en stratégie dans un cabinet américain. C’était impressionnant, je voyageais, je parlais avec des DG de grandes entreprises... Puis au bout de 5 ans j’ai fait un burnout : trop de travail et une vraie absence de sens. On passait notre vie en taxi, et je me souviens que je regardais par la fenêtre les gens marcher et je me disais que j’étais à côté de ma vie, dans une prison dorée, en tous cas une voie parallèle.

Je suis ensuite partie travailler pour « Leboncoin » dont le produit est une vraie innovation sociale au service d’un Monde plus durable. C’était une super expérience qui m’a redonnée confiance, j’ai fait beaucoup de superbes rencontres. J’ai pris goût à travailler en équipe, à être au service des équipes et à porter la voix de la culture client en interne. Je suis partie au bout de 3 ans et j’ai rejoint une start-up en tant que directrice de la relation clients. J’y étais très mal à l’aise et je ne suis restée qu’un an, mais ça a été un très très bon déclic pour me lancer dans les Ciboulettes avec ma soeur.

Ma sœur Céline avait imaginé une première version des Ciboulettes à ce moment-là. On s'est rejoint : moi avec une version humaniste à l’écologie, et elle une vision environnementale. Nous en sommes venues à l’idée que prendre soin de soi, des autres et de la planète c’est la même chose. C’est ça, l’écologie intégrale! Tu comprends vraiment que nous faisons tous partie d’un grand TOUT. Et ça change tout. C’est une grosse découverte avec ma sœur car à la base nous n’avions pas la même vision.

En juin 2018, nous avons candidaté un peu par hasard au challenge “gare partagée” de la SNCF. Et nous avons “gagné” la gare de Chelles où nous avons imaginé l’éco-lieu des Ciboulettes comme un vrai projet de territoire. La SNCF est encore aujourd’hui un super partenaire qui fait appel à nous et se soucie de nous.

Cet éco-lieu, bien sûr, est porté par l’idée d’écologie intégrale. Mais aussi par celle très pragmatique d’expérimentation : il faut essayer pour prendre goût et avoir envie de recommencer. Et encore plus par celle de liens : nous sommes un lieu de liens, et c’est de liens dont chacun a besoin pour se mettre en chemin vers une vie plus écologique et plus épanouie.

3. Comment est née l’idée de créer Les Ciboulettes ?

On avait envie avec ma sœur d’un projet bon pour nous, bon pour les autres et bon pour la planète. Permettre à des gens d’expérimenter, de tester, de découvrir. Prenons l’exemple de quelqu’un qui adore la viande : cette personne aura beaucoup de mal à accepter un plat végétarien, tant qu’il n’a pas goûté ou cuisiné un plat sans viande très gourmand.

Nous créons des occasions, des chemins pour accéder à cette sensibilisation de l’écologie. Et je crois qu’un lieu c’est la meilleure façon pour permettre ça. Non seulement on peut proposer des ateliers de tout type (sensoriel, manuel, intellectuel…) mais en plus on peut créer une communauté. C’est hyper-enrichissant pour tous, et bien sûr, pour moi aussi !

 

4. Qu’est-ce que c’est concrètement « Les Ciboulettes » ?

C’est donc un lieu de 80m2, cosy et joli, au cœur de la gare et du centre-ville de Chelles. Parfois avec des portes grandes ouvertes comme les vendredis, parfois avec un accès sur inscription. Parfois pour les particuliers, et parfois réservé aux entreprises.

On a 2 structures qui cohabitent aux Ciboulettes :

• L’association qui porte les activités pour les enfants et adultes du territoire : des ateliers (yoga, fresques du climat, couture, éveil musical, philo pour enfants...), des moments pour se retrouver comme les diners collaboratifs, notre Table Ouverte du vendredi qui est un café associatif très très bon et végétarien et des collectes pour d’autres associations.
• Une société qui propose teambuildings, séminaires et formations pour les entreprises. Ç’est cette partie-là qui fait vivre l’ensemble et permet au lieu d’exister!

 

5. Quelles sont les valeurs des Ciboulettes ?

• Gourmandise
• Responsabilité
• Respect
• Partage 

6. Quels sont vos projets futurs ?

• À court terme : Lancer la rentrée scolaire pour les adhérents, et caler toute la programmation jusqu’à Noël!

• À moyen terme : c’est de devenir un lieu ressources, de partage sur toutes nos expériences. J’ai envie qu’on partage nos expériences et nos connaissances avec d’autres porteurs de projets pour les aider à avancer, et évoluer dans leurs projets. J’aimerais aussi dégager du temps pour accompagner tous ceux qui sont en crise de sens et sentent qu’une transition doit s’amorcer.

• À long terme : qui sait ce que la vie nous réserve?

« Small is beautiful » comme le dit le philosophe Satish Kumar! Ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas envie que Les Ciboulettes soient une grosse machine et se déconnecte de ce qui fait sa richesse et mon plaisir : le lien.

 

9. Quelle est ta plus grande fierté d’Entrepreneure ?

Il y en a plein, heureusement.

Encore plus que d’avoir monté ce lieu, le faire vivre au quotidien est une vraie fierté parce que c’est un sacré défi.

10. Si tu pouvais inviter 3 personnes à un dîner, quelles seraient-elles ?

• Satish Kumar qui est un philosophe indien et un activiste des années 60 pour la paix. Je suis très touchée par son regard malicieux et son discours.

• L'Abbé Pierre, c’est lui qui a créé le premier concept d’économie circulaire. C’est dingue d’imaginer et mettre sur pied le réseau Emmaüs, dans le cadre d’une vie très heureuse et très sobre.

• Ma sœur pour qu’on puisse débriefer après le dîner.

 

11. Comment partages-tu ton temps aujourd'hui ?

Je suis tous les jours aux Ciboulettes. C’est sur que c’est un peu chronophage la vie d’entrepreneur social! Et comme j’ai un vrai bébé de un an, et bien il ne me reste plus beaucoup de temps pour autre chose une fois que je me suis occupée de ces 2 bébés dans ma vie.

 

12. Quel est le roman (ou le film) qui t’as le plus marqué et pourquoi ?

Le documentaire « Et je choisis de vivre » qui raconte le deuil d’enfant. Le thème peut rebuter mais c’est au contraire un film sur la vie avec un magnifique message de résilience. Ça m’a bouleversée.

 

13. Quel est le rêve qui te reste à réaliser ?

Un éco-lieu à la campagne, la version 2 des Ciboulettes!

 

14. Quel est le plus beau voyage que tu as réalisé ? Pourquoi ?

Je dirais mon pays de cœur : le Brésil. J’ai fait un Erasmus et je suis tombée amoureuse de la ville de Rio, j’ai appris le portugais et j’ai aimé cette jungle dans la ville, cette plage gigantesque, la musique et le bazar dans les rues, la colline de Santa Teresa...

 

15. Quel est le meilleur conseil qu'on t’ a jamais donné ?

« Soit amoureux de ta mission et pas de ton projet ».

Il y a des milliards de façons de répondre à une mission de vie. Pas que ce ne soit pas important de choisir le comment et l’adapter à ses goûts, talents et compétences. Il faut savoir s’adapter et faire autrement souvent. Mais il ne faut jamais dévier de sa raison d’être.

 

16. Comment progresses-tu ?

Je parle beaucoup avec des gens, et demande facilement de l’aide autour de moi. Les liens, encore une fois !

 

17. Si tu pouvais murmurer quelque chose à l’Oreille de Marion à la sortie de l’ESCP Europe, que lui dirais-tu ?

T’as rien à prouver, ne te fais pas trop mal, fais toi plaisir. Écoute bien ta petite voix intérieure.

 

18. As-tu une citation ou un proverbe qui te vient souvent à l'esprit ?

« Sois le changement que tu veux voir dans le monde » Gandhi

C’est le meilleur conseil et surtout en cette période d’urgence climatique, où on passe pas mal de temps à critiquer les autres au lieu de s’engager seul ou collectivement. La meilleure façon d’inspirer les autres est de commencer par soi.

 

19. Que penses-tu des compléments alimentaires ? En prends-tu personnellement ?

J’en prends de temps en temps, mais je fais surtout attention à manger très équilibré. Je fais des cures de fer régulièrement pour m’assurer d’avoir tout ce qu’il me faut, surtout que j’allaite encore mon bébé.

 

20. Que penses-tu de Colette Lab ? As-tu un conseil à nous prodiguer ?

Je n’ai pas de conseils, je pense que la meilleure façon d’aller bien c’est de cuisiner, manger frais, de saison variée et faire appel aux compléments alimentaires quand on en a besoin.